Résumé : Fraises 

• L’EWG (Environmental Working Group – Groupe de travail pour l’environnement) a analysé des tests effectués par le département américain de l’agriculture (USDA) et a révélé que près de 70 % des échantillons de fruits et légumes cultivés de façon conventionnelle contiennent des résidus de pesticides.
• En tout, 230 pesticides et produits de dégradation de pesticides ont été identifiés sur plus de 38 800 échantillons non bio.
• Les fraises arrivaient en première place en termes de résidus de pesticides, avec jusqu’à 22 types de pesticides décelés sur un seul fruit ; presque tous les échantillons de fraises (99 %) contenaient au moins un résidu de pesticide décelable, tandis que 20 % en contenaient 10, ou plus.
• Plus de 98 % des échantillons des six fruits et légumes les plus contaminés (fraises, épinards, pêches, nectarines, cerises et pommes) contenaient au moins un pesticide, et les épinards contenaient 1,8 fois plus de résidus de pesticides, à poids égal, que toute autre culture.
• La meilleure façon d’éviter les résidus de pesticides dans votre alimentation est de choisir des aliments qui n’y ont tout simplement pas été exposés, autrement dit, des aliments bio.

Fraises en tête des Dirty Dozen : toujours contaminées

70 % des fruits et légumes classiques contaminés par les pesticides

L’EWG (Environmental Working Group – Groupe de travail pour l’environnement) a examiné des données provenant des tests réalisés par le département américain de l’agriculture (USDA) et a révélé que près de 70 % des échantillons de fruits et légumes cultivés de manière conventionnelle contiennent des résidus de pesticides. En tout, plus de 38 800 échantillons non biologiques ont été analysés, mettant en évidence la présence de 230 pesticides et de produits de dégradation de pesticides.

L’Alliance for Food and Farming, une organisation professionnelle représentant les principaux producteurs de fruits et légumes ainsi que les fournisseurs de pesticides et d’engrais, a rapidement souligné que 99 % des taux de résidus de pesticides détectés sur les fruits et légumes se situaient en deçà des normes de sécurité établies par l’Agence pour la protection de l’environnement américaine (EPA). Cependant, un rapport commandé par le Parlement européen a révélé que le niveau actuel d’exposition aux pesticides pouvait avoir des effets néfastes sur la santé des enfants.

Une partie du problème réside dans le fait que les valeurs limites de « sécurité » ont été établies à partir d’études sur les animaux qui ont examiné les effets des pesticides pris individuellement. En réalité, les êtres humains sont exposés simultanément à de multiples résidus de pesticides, ainsi qu’à d’autres substances chimiques.

Une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) de médecine interne a montré que la consommation importante de fruits et légumes fortement contaminés par des résidus de pesticides était associée à une réduction de la probabilité de grossesse chez les femmes suivant un traitement contre la stérilité. Plus précisément, la consommation quotidienne de deux portions ou plus de fruits et légumes fortement contaminés par des pesticides était liée à une réduction de 26 % des chances de grossesse par rapport aux femmes consommant moins de deux portions par jour.

Il a également été constaté que la consommation de fruits et légumes fortement contaminés par des résidus de pesticides était associée à une baisse de la qualité du sperme chez les hommes.

Une étude publiée dans Human Reproduction a révélé que les hommes consommant en moyenne plus d’1,5 portion par jour de fruits et légumes fortement contaminés par des pesticides présentaient une numération totale des spermatozoïdes inférieure de 49 % et un taux de spermatozoïdes morphologiquement normaux inférieur de 32 % par rapport aux hommes consommant moins de 0,5 portion par jour. En revanche, une consommation faible à modérée de fruits et légumes contaminés était liée à un pourcentage plus élevé de spermatozoïdes ayant une morphologie normale.

La fraise en tête des 12 fruits et légumes les plus contaminés

Comme en 2016 et 2017, les fraises occupent la première place du classement en termes de résidus de pesticides, avec la détection de jusqu’à 22 pesticides différents sur un seul fruit.

Presque la totalité des échantillons de fraises (99 %) présentaient au moins un résidu de pesticide détectable, et 20 % d’entre eux en contenaient 10 ou plus. L’EWG a mis en évidence que ces échantillons de fraises testés contenaient des résidus de 81 types de pesticides en diverses combinaisons, avec une moyenne de 7,8 pesticides par échantillon.

En comparaison, les autres fruits et légumes contenaient en moyenne 2,1 types de pesticides par échantillon.

Il est important de noter que les fraises ne sont pas seulement parmi les cultures les plus intensivement traitées, mais elles reçoivent également près de 300 livres de pesticides par demi-hectare de fraises cultivées en Californie. De plus, des gaz neurotoxiques sont utilisés pour éliminer les nuisibles et les mauvaises herbes des sols avant la plantation. Voici quelques-uns des produits chimiques préoccupants parmi ceux utilisés sur les fraises :

1. La carbendazime, un fongicide qui perturbe le système endocrinien et qui a été interdit par l’Union Européenne (détecté sur 16 % des échantillons).
2. La bifenthrine, un insecticide classé comme cancérogène possible pour l’homme par les autorités californiennes et l’EPA (détecté sur plus de 29 % des échantillons).

De plus, les sols sont fumigés avec des produits toxiques pour les désinfecter avant la plantation. Bien que des films biodégradables soient utilisés pour contenir les gaz sous la terre, il arrive que ces gaz (notamment la chloropicrine, l’agent actif du gaz lacrymogène, et le 1,3-dichloropropène, un gaz cancérigène) s’échappent, polluant ainsi l’air et mettant en danger les agriculteurs et les résidents voisins.

Il existe des alternatives biologiques, notamment la rotation des cultures, qui permet de réduire les nuisibles, et la désinfection anaérobie des sols (DAS). Cette dernière méthode consiste à mélanger du son de riz ou de la mélasse avec la couche superficielle du sol, à ajouter de l’eau, et à recouvrir le terrain d’un film biodégradable pour éliminer les agents pathogènes.

La liste complète des ‘Dirty Dozen’ – 12 fruits et légumes les plus contaminés

Voici la liste complète des fruits et légumes, établie par l’EWG (Environmental Working Group), qui contiennent le plus de résidus de pesticides, également appelée la « Dirty Dozen » :

1. Les fraises
2. Les épinards
3. Les nectarines
4. Les pommes
5. Le raisin
6. Les pêches
7. Les cerises
8. Les poires
9. Les tomates
10. Le céleri
11. Les pommes de terre
12. Les poivrons
13. Le piment fort (nouvel ajout en 2018)

L’analyse de l’EWG a révélé la présence, sur certains piments testés, d’acéphate, de chlorpyriphos et d’oxamyl, des insecticides toxiques qui sont interdits sur certaines cultures. En raison de cette présence potentielle, l’EWG recommande d’acheter des piments biologiques si vous en consommez souvent, ou au moins de les faire cuire avant de les manger si vous n’en trouvez pas de bio, car la cuisson peut contribuer à réduire les résidus de pesticides.

Il est important de noter que plus de 98 % des échantillons des six fruits et légumes les plus contaminés (fraises, épinards, pêches, nectarines, cerises et pommes) contenaient au moins un pesticide. Les épinards étaient particulièrement préoccupants, contenant 1,8 fois plus de résidus de pesticides, à poids égal, que toute autre culture.

En ce qui concerne les épinards, 76 % des échantillons contenaient des résidus de perméthrine, un insecticide pyréthrinoïde. Des études sur les animaux suggèrent que les pyréthrinoïdes peuvent provoquer des dommages neurologiques, des dommages au système immunitaire et aux organes reproducteurs. Des chercheurs canadiens ont également suggéré qu’ils pourraient être associés à des problèmes de comportement chez les enfants.

Il est également à noter la présence de la diphénylamine sur 80 % des échantillons de pommes. Cette substance chimique est répertoriée comme pesticide, mais elle n’affecte ni les insectes, ni les mauvaises herbes, ni les champignons. Elle est pulvérisée sur les pommes après la récolte pour prévenir l’apparition de taches noires sur leur peau pendant le stockage.

L’Union européenne n’autorise pas les importations de pommes traitées avec cette substance chimique en raison du risque potentiel de formation de nitrosamines cancérigènes sur les fruits traités. Aux États-Unis, l’EPA affirme que cette substance est sans danger, mais l’EWG souligne que même une faible quantité de nitrosamines sur les pommes pourrait potentiellement représenter un risque pour la santé étant donné que les Américains consomment en moyenne près de 5 kg de pommes crues par an.

La liste ‘Clean 15’ de l’EWG – 15 fruits et légumes les moins contaminés

L’EWG a également établi une liste des fruits et légumes qui contiennent les plus faibles taux de résidus de pesticides, connue sous le nom de « Clean 15 » pour l’année 2018. Voici la liste des fruits et légumes figurant dans les « Clean 15 » :

1. Les avocats
2. Le maïs doux
3. Les ananas
4. Les choux
5. Les oignons
6. Les petits pois (surgelés)
7. Les papayes
8. Les asperges
9. Les mangues
10. Les aubergines
11. Les melons Honeydew
12. Les kiwis
13. Les melons Cantaloup
14. Les choux-fleurs
15. Les brocolis

Pour les avocats et le maïs doux, moins de 1 % des échantillons contenaient des pesticides, tandis que plus de 80 % des échantillons d’ananas, de papayes, d’asperges, d’oignons et de choux étaient exempts de résidus de pesticides.

Il est important de noter que aucun des échantillons de fruits et légumes de la liste des « Clean 15 » ne contenait plus de quatre pesticides, et seulement 5 % d’entre eux en contenaient deux ou plus. Cette liste peut être utile pour les consommateurs qui souhaitent réduire leur exposition aux pesticides en choisissant des produits avec des niveaux de résidus plus faibles.

Comment minimiser l’exposition aux résidus de pesticides ?

La recherche démontre de manière convaincante que la consommation d’aliments biologiques permet de réduire significativement le niveau de pesticides présents dans l’organisme. Voici quelques conclusions importantes tirées d’études :

1. Réduction des niveaux de pesticides : Lorsqu’une famille de cinq personnes a adopté une alimentation exclusivement biologique pendant deux semaines, le niveau de pesticides dans leurs organismes a chuté de manière significative, diminuant en moyenne de 6,7 fois. Une autre étude portant sur près de 4 500 personnes aux États-Unis a montré que ceux qui consommaient des fruits et légumes biologiques avaient des taux beaucoup plus faibles de métabolites d’organophosphorés, qui sont parmi les pesticides les plus couramment utilisés dans l’agriculture américaine.
2. Réduction de l’exposition aux OGM : Les aliments biologiques n’autorisent pas l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM), ce qui signifie que vous évitez également l’exposition à ces produits. Les semences génétiquement modifiées ne sont pas autorisées, et les animaux élevés dans des exploitations biologiques ne sont pas nourris avec des aliments génétiquement modifiés.
3. Amélioration de la teneur en nutriments : Les aliments biologiques ont été associés à des niveaux plus élevés d’antioxydants et de composés bénéfiques qui peuvent réduire les risques de maladies chroniques, notamment des maladies cardiaques, des maladies neurodégénératives et certains cancers. Ces aliments ont également montré des taux plus élevés de vitamine C, de polyphénols, de flavonoïdes et de minéraux par rapport à leurs homologues cultivés de manière conventionnelle.

En général, si vous souhaitez choisir quels aliments acheter en version biologique, il est recommandé de donner la priorité aux produits d’origine animale biologiques, suivis de la liste « Dirty Dozen » de l’EWG pour les fruits et légumes.

Pour les fruits et légumes non biologiques que vous consommez, il est possible de réduire les résidus de pesticides en les lavant avec une solution à base de bicarbonate de soude, bien que cela n’élimine pas tous les résidus. Éplucher les fruits et légumes peut également aider à réduire les résidus de pesticides, mais cela peut entraîner la perte de certains nutriments contenus dans la peau, et des résidus peuvent toujours persister dans la chair.

Pour toutes ces raisons, la meilleure stratégie pour éviter les résidus de pesticides dans votre alimentation est de choisir des aliments biologiques, qui ont été produits sans exposition à ces produits chimiques nocifs.