Les larmes ont-elles des propriétés médicinales ?

Tandis que de nombreux animaux « pleurent » sous forme de vocalises, pour exprimer leurs émotions, ou sous forme de cris de douleur, l’homme est le seul animal qui verse des larmes.

Vos larmes peuvent être des larmes de bonheur ou de tristesse, elles peuvent aussi être cliniquement décrites comme un larmoiement, en particulier pour évoquer celles qui coulent lorsque vous coupez un oignon ou avez du sable dans les yeux.

Quelle que soit leur cause, le processus scientifique qui déclenche la « fontaine » est le même. Vous possédez une glande lacrymale située entre le globe oculaire et la paupière, qui produit des larmes que l’on dit liées à l’émotion.

Lorsque vous clignez des yeux, le fluide est réparti sur l’œil, puis évacué via le point lacrymal (et enfin par le nez, ce qui explique que pleurer fasse couler le nez). Toutefois, si vos larmes sont nombreuses, elles débordent de ce système de drainage et coulent sur vos joues.

Les trois types de larmes

Votre corps présente trois types de larmes : Les larmes basales, qui sont une forme de lubrifiant et de protection pour vos yeux. Elles sont sécrétées en permanence en très petites quantités (environ un gramme par 24 heures) et recouvrent vos yeux lorsque vous clignez des paupières.

Vous produisez également des larmes réflexes. Elles sont une autre forme de protection et sont libérées en réaction à des irritants tels que le vent, la poussière, la fumée et l’épluchure des oignons. La troisième forme de larmes – émotionnelles ou « psychiques », comme on les appelle parfois – sont celles dont on parle le plus, et aussi les plus mystérieuses.

Vos larmes psychiques sont produites en réponse aux émotions fortes –  stress, joie, tristesse, douleur physique, etc. Ces émotions déclenchent les larmes par le biais d’une connexion complexe avec votre système nerveux autonome. Comme il est expliqué dans The Independant :

« … L’une des zones du cerveau, le système limbique (et en particulier la partie que l’on appelle l’hypothalamus), est conçue spécifiquement pour gérer vos émotions et est fortement liée à votre système nerveux autonome (c’est la partie sur laquelle vous n’avez aucun contrôle).

Ce système contrôle dans une certaine mesure le système lacrymal des larmes, via un neurotransmetteur que l’on appelle l’acétylcholine, et c’est cette minuscule molécule qui stimule la production de larmes.

Donc, en bref, votre réaction émotionnelle … active votre système nerveux, qui a son tour ordonne à votre système producteur de larmes de s’activer. »

Pleurer implique de nombreuses sensations physiques

Pleurer ne se limite pas aux larmes qui coulent sur le visage. Elles s’accompagnent généralement d’une accélération du rythme cardiaque. Il se peut que vous vous mettiez à transpirer et, souvent, vous avez la sensation d’avoir une boule dans la gorge, ce que l’on appelle un « globe hystérique ». Il ne s’agit pas véritablement d’une boule, mais d’une tension dans les muscles de la gorge.

Lorsque vous pleurez, l’ouverture dans la gorge qui permet à l’air de passer du larynx aux poumons (que l’on appelle la glotte), s’élargit.

Lorsque vous avalez, votre glotte se ferme, mais lorsque vous pleurez, votre corps élargit la glotte pour laisser entrer plus d’oxygène. C’est ce conflit entre l’ouverture et la fermeture de votre glotte qui entraine une tension dans les muscles et la sensation de boule dans la gorge.

Pleurer comme moyen d’afficher sa soumission ou sa vulnérabilité

Certains pensent que pleurer est une façon d’accentuer l’impression de tristesse sur le visage, donnant ainsi, en quelque sorte, un avantage de survie. Cela pourrait par exemple vous aider à demander de l’aide. Comme l’a rapporté l’Association Américaine de Psychologie (APA) :

« Les larmes ajoutent de la valence et de la nuance à la perception qu’on a d’un visage, explique Robert R. Provine, PhD, professeur de psychologie et de neuroscience à l’Université du Maryland, dans le County de Baltimore, et auteur principal de l’étude.

Les larmes deviennent un genre de lubrifiant social, dit-il, qui contribuent à assurer le bon fonctionnement d’une communauté en aidant ses membres à communiquer. »

Pleurer aide à construire et à renforcer des relations personnelles parce que cela signale aux autres que vous êtes sans défense, que vous ne représentez pas une menace, et cela peut faire naître des sentiments d’empathie chez les autres. Le chercheur Oren Hasson, PhD, explique :

« Mon analyse suggère qu’en troublant la vue, les larmes diminuent vos défenses et votre fiabilité, comme des signaux de soumission, un appel à l’aide, et même en démonstration mutuelle d’un attachement et, en tant que groupe, d’affichage d’une cohésion. »

Les larmes ont-elles des propriétés médicinales ?

Les larmes versées en réaction à une émotion sont fortement concentrées en hormone adrénocorticotropine (ACTH) – une substance chimique liée au stress.

L’une des théories sur la raison pour laquelle nous pleurons lorsque nous sommes tristes, est que cela aiderait le corps à libérer une partie des substances chimiques du stress, et donc à nous sentir plus calme et détendu.

Les larmes contiennent également un facteur de croissance nerveuse (NGF), un neuropeptide qui joue un rôle dans le développement et la survie des neurones, en particulier les neurones sensoriels impliqués dans la transmission de la douleur, de la température et du toucher. D’après le Dr. Provine :

« Plusieurs sources de données suggèrent que le NGF présent dans les larmes a des fonctions médicinales. La concentration de NGF dans les larmes, la cornée et les glandes lacrymales augmente après une blessure de la cornée, ce qui suggère que le NGF joue un rôle dans la cicatrisation.

Plus directement, l’application topique de NGF favorise la guérison des ulcères de la cornée et peut augmenter la production de larmes dans les yeux secs … Bien qu’il s’agisse d’un pari scientifique risqué, je crois que les larmes contenant des NGF ont un effet anti-dépresseur capable de moduler et de signaler l’humeur.

Les larmes cicatrisantes, non-émotionnelles, servaient peut-être à l’origine à signaler les traumatismes des yeux, appelant ainsi des soins de la part des membres de la tribu, ou inhibant les agressions physiques des adversaires.

Ce signal primitif a peut-être évolué par la suite, par le biais de la ritualisation, pour devenir un signal de détresse émotionnelle et physique.

Dans ce scénario évolutif, les signaux visuels et peut-être chimiques des larmes émotionnelles pourraient être des conséquences secondaires des sécrétions lacrymales, qui avaient pour but, à l’origine, la préservation et la cicatrisation des yeux. »

Quatre faits intéressants à propos des larmes

La raison pour laquelle l’homme pleure est encore un mystère, mais certains faits intrigants valent la peine d’être connus. Le site Mental Floss en a récemment publié plusieurs :

  1. Pleurer vous fait du bien (au final) 

    Une recherche publiée dans Motivation and Emotion a découvert que pleurer peut empirer mais également améliorer votre humeur, en fonction du moment auquel votre humeur est mesurée.La recherche a porté sur 60 personnes qui ont regardé un film sentimental, et dont l’humeur a été mesurée immédiatement après, ainsi que 20 puis 40 minutes plus tard. Ceux qui avaient pleuré pendant le film avaient plus de pensées négatives immédiatement après, tandis que l’humeur de ceux qui n’avaient pas pleuré n’avait pas changé.

    À la mesure suivante, l’humeur de ceux qui avaient pleuré était revenue à son point de départ mais, fait intéressant, à la dernière mesure leur humeur était non seulement restaurée, mais s’était même améliorée par rapport à la mesure prise avant le visionnage du film. Donc, bien que pleurer puisse vous faire sentir moins bien initialement, cela pourrait à terme booster votre humeur. Voici ce qu’ont expliqué les chercheurs :

    « Après la détérioration initiale de l’humeur ayant suivi les pleurs, qui a été observée au cours d’études en laboratoire, il faut apparemment du temps pour que l’humeur soit non seulement restaurée, mais qu’elle devienne même moins négative qu’avant l’évènement émotionnel, ce qui correspond aux résultats des études rétrospectives. »

  2. Il est possible d’empêcher les oignons de vous faire pleurerLes oignons libèrent un gaz que l’on appelle le facteur lacrymal, qui fait pleurer. Des chercheurs japonais ont développé un oignon dépourvu de l’enzyme nécessaire à la production du facteur lacrymal, et qui ne ferait donc pas pleurer, mais ils ont aussi altéré les composés sulfurés bénéfiques de l’oignon.

    Bien que le fait que les oignons fassent pleurer soit un inconvénient, c’est aussi un rappel de leurs nombreux composés puissants, bénéfiques pour la santé. Ceci étant dit, le site Internet World’s Healthiest Foods a partagé quelques conseils pour couper les oignons qui devraient aider à réduire l’irritation des yeux et les larmes. Si c’est un problème pour vous, ne renoncez pas aux oignons pour autant. Essayez plutôt les astuces suivantes :

    « Utilisez un couteau bien aiguisé et restez toujours debout pour couper vos oignons, afin que vos yeux en soient le plus éloignés possible. Essayez de couper vos oignons près d’une fenêtre ouverte. Si cela vous fait vraiment beaucoup pleurer, portez des lunettes ou un masque de protection.

    Mettez les oignons au frais une heure environ avant de les couper, cela peut ralentir leur métabolisme et ainsi ralentir la production de facteur lacrymal.

    Couper les oignons sous un filet d’eau froide est une méthode souvent utilisée pour atténuer l’irritation des yeux, mais nous la considérons comme une solution de second choix car certains des nutriments présents dans l’oignon peuvent disparaitre au fil de l’eau. »

  3. Pleurer peut vous aider à gagner une négociationAu cours d’une négociation, exprimer sa tristesse, y compris en pleurant, peut aider à parvenir à ses fins. Ceci se vérifie toutefois seulement lorsque certaines conditions sont remplies, c’est-à-dire lorsque les participants :
    • Perçoivent la personne qui s’exprime comme ayant peu de pouvoir
    • Anticipent une future interaction
    • Considèrent la relation comme étant de nature collaborative
    • Pensent qu’il n’est pas approprié de blâmer les autres
  4. Il est normal de pleurer après un rapport sexuelLa recherche suggère que presque la moitié (46%) des femmes ont déjà pleuré au moins une fois dans leur vie après un rapport sexuel (et une autre recherche suggère que de nombreux hommes aussi). La dysphorie post-coïtale, le terme qui désigne ce phénomène, pourrait être due aux fluctuations hormonales qui ont lieu pendant et après un rapport sexuel. Elle pourrait également être expliquée par la nature intime d’un rapport sexuel, qui permet à des personnes d’exprimer des émotions parfois refoulées.

À quoi ressemblent des larmes sous un microscope ?

Dans un projet qu’elle a appelé « Topographie des larmes », la photographe Rose-Lynn Fisher a utilisé un microscope pour examiner en gros plan des larmes séchées. Sur une période de plusieurs années, elle a examiné au microscope plus de 100 larmes, les siennes, celles de volontaires et même celles d’un nouveau-né.

Le résultat est une magnifique collection d’images étonnement différentes, dont de nombreuses ressemblent à de vastes paysages. Rose-Lynn Fisher les décrit comme des « vues aériennes de terrains d’émotions. » Voici ce qu’elle a déclaré au Smithsonian magazine :

«  … Les larmes sont le support de notre langue la plus primitive dans des moments aussi impitoyables que la mort, aussi basiques que la faim et aussi complexes qu’un rite de passage … c’est comme si chacune de nos larmes portait un microcosme de l’expérience humaine collective, comme une goutte dans un océan. »

EN BREF

  • L’homme est le seul animal qui verse des larmes d’émotion
  • Pleurer peut être une façon d’accentuer l’impression de tristesse sur le visage, donnant un avantage de survie
  • Les larmes contiennent un facteur de croissance nerveuse (NGF), un neuropeptide qui joue un rôle dans le développement et la survie des neurones

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