Résumé : Cannebergecanneberge

  • Une étude de la Cochrane Review remet en question les vertus préventives des produits à base de canneberge contre les infections urinaires.
  • Les conclusions suggèrent que la consommation régulière de jus de canneberge n’a pas démontré de réduction significative des infections urinaires.
  • Cette remise en question concerne notamment les cystites, malgré la richesse en vitamine C et antioxydants de la canneberge.
  • La consommation quotidienne et importante de jus de canneberge sur une longue période serait nécessaire pour un effet préventif, ce qui soulève des questions sur la faisabilité pratique.
  • L’hygiène intime et une bonne hydratation sont présentées comme des alternatives préventives plus efficaces et économiques.

Canneberge & Cystite : Efficacité remise en cause

C’est un mythe qui s’effondre : les canneberges, ces petites baies rouges de la famille des myrtilles et leurs dérivés, ne renferment aucune substance permettant de prévenir naturellement les infections des voies urinaires basses, comme le démontre une récente étude approfondie.

Êtes-vous quelqu’un de sophistiqué ? Si c’est le cas, vous pourriez dire “cranberry”. Plutôt botaniste ? Dans ce cas, c’est la grande airelle rouge. Originaire du Québec ? Alors, vous pourriez l’appeler “ataca”. Autrement, vous pouvez tout simplement utiliser le terme “canneberge”. C’est son appellation en langue française depuis plus de trois siècles. Peut-être est-ce en raison de l’affinité de ce petit arbuste pour les milieux aquatiques, tels que les tourbières et les marais des régions froides. Cette hydrophilie pourrait également expliquer pourquoi on lui attribue certaines vertus médicales contre les infections des parties inférieures de notre système urinaire.

Canneberge : histoire, culture intensive, et vertus médicinales de son célèbre jus

Le terme “canneberge” dériverait de “crane-berry” (baie de grue), ancien nom amérindien de la plante. Cette plante vivace affectionne les sols à sphaignes et peut vivre plus d’un siècle. Ses fleurs ont généralement des corolles ouvertes que les bourdons ne visitent que rarement, et ses baies sont de couleur rouge.

Le jus de canneberge a une longue histoire en Amérique du Nord, en Angleterre et en Russie, les territoires de prédilection et de culture de cet arbuste. Il est un ingrédient clé dans des associations prisées des habitués des palaces et des barmen, notamment dans des cocktails tels que le Cosmopolitan (Cosmo pour les intimes) ou le Cointreaupolitan. Le goût du jus de canneberge est caractéristique, parfois déplaisant : il est acidulé, astringent et âpre, avec une forte présence de tanins et de composés antioxydants, expliquant ainsi les vertus médicinales qui lui sont attribuées.

La cueillette sauvage par les Indiens a cédé la place à une culture intensive et sophistiquée, avec l’État du Wisconsin en tant que principal fournisseur, produisant plus de la moitié de la récolte américaine. Le Canada contribue également de manière significative à la production mondiale, avec le Québec et la Colombie-Britannique en tête.

Les baies transformées sont commercialisées à l’échelle internationale sous diverses formes, notamment des fruits frais, des fruits congelés, des concentrés de jus, des fruits déshydratés, des coulis et des fruits confits. On les trouve également dans les magasins de produits diététiques et bios, ainsi qu’en pharmacie sous forme de cosmétiques ou de compléments alimentaires. En cuisine, les canneberges sont souvent associées à d’autres fruits rouges, et la “dinde aux canneberges” demeure un plat traditionnel américain bien connu.

Propriétés thérapeutiques supposées de la canneberge : mythe ou réalité ?

Ces fruits au nom exotique sont souvent attribués des vertus thérapeutiques, principalement en raison de la richesse de la canneberge en vitamine C et en antioxydants de la famille des flavonoïdes. Ces baies contiennent également de la proanthocyanidine de type A (PAC A), réputée pour s’opposer à la présence et au développement de la bactérie Escherichia coli, souvent à l’origine des cystites. Cependant, l’usage de la canneberge à des fins préventives fait l’objet de débats et de controverses. Bien que récemment validée par l’administration française, l’EFSA a estimé que les études disponibles n’étaient pas suffisantes pour étayer de telles allégations concernant la prévention des infections urinaires.

Une récente étude de la Cochrane Review vient confirmer les conclusions d’une précédente étude hollandaise publiée dans les Archives of Internal Medicine. Ces recherches remettent en question l’idée répandue sur les supposées vertus des produits à base de canneberge (capsules, sirops, gélules, et comprimés de jus de canneberge) dans la prévention des infections urinaires, en particulier des cystites, des affections fréquentes et douloureuses chez certaines femmes.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont examiné de manière systématique les études évaluant l’efficacité de ces produits chez des femmes souffrant d’infections urinaires récidivantes et chez celles exposées à un risque accru de telles infections. Sur les 24 études portant sur près de 4500 personnes, les principales conclusions sont les suivantes :

  1. La consommation de divers produits à base de baies de canneberge ne réduit pas le risque global d’infections urinaires, que ce soit chez les femmes souffrant d’infections urinaires récurrentes, les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants avec infection urinaire récidivante, les patients atteints de cancer, ou les personnes présentant des anomalies de la vessie ou des lésions de la moelle épinière.
  2. Si un effet devait être observé, il suggère que le jus de canneberge devrait être consommé quotidiennement et en quantités considérables, soit deux fois par jour pendant un an pour espérer réduire le risque d’infection urinaire. Les volumes seraient encore plus importants si la substance était présente sous forme de cocktails spécialisés.

En conclusion, la meilleure prévention des infections urinaires réside dans le respect des règles d’hygiène intime et une consommation abondante d’eau, une approche moins coûteuse que le recours aux dérivés des fruits rouges du Québec ou du Wisconsin.

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