Comment éviter les perturbateurs endocriniens ?

Les perturbateurs endocriniens (PE) ont une structure similaire à celles d’hormones naturelles telles que les œstrogènes, des hormones sexuelles féminines, les androgènes, des hormones sexuelles masculines, et les hormones thyroïdiennes, ce qui leur permet d’interférer entre autres avec le développement, la reproduction, le fonctionnement du système nerveux, le métabolisme, la satiété et le fonctionnement du système immunitaire.

Ils peuvent par exemple bloquer certains signaux hormonaux, modifier vos taux hormonaux, ou modifier la façon dont vos hormones naturelles circulent dans votre organisme.

Ainsi qu’il est indiqué dans un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), publié en 2012, les effets des PE sur votre système hormonal « peuvent conduire à l’obésité, à la stérilité ou à une baisse de la fécondité, à des problèmes d’apprentissage et de mémorisation, au diabète de Type 2 ou à des maladies cardiovasculaires, ainsi qu’à de nombreuses autres maladies. »

De plus, les hormones opérant à des concentrations qui s’expriment en parties par million et en parties par milliard, l’Endocrine Society signale qu’il n’existe sans doute aucun niveau sûr d’exposition pour bon nombre de PE, et que leurs effets sur la santé sont si importants que chacun doit prendre des mesures proactives pour les éviter, et en particulier les femmes qui souhaitent tomber enceinte, les femmes enceintes et les jeunes enfants.

Des preuves solides appuient les mises en garde contre les PE

Commentant la publication de sa première déclaration scientifique sur les PE, en 2009, l’Endocrine Society soulignait :

« Les preuves des effets nocifs sur la reproduction (stérilité, cancers, malformations) de l’exposition aux perturbateurs endocriniens sont solides, et de plus en plus de données démontrent leurs effets sur d’autres systèmes endocriniens, notamment la thyroïde, le système neuroendocrinien, l’obésité et le métabolisme, ainsi que l’homéostasie de l’insuline et du glucose…

Les effets des perturbateurs endocriniens pourraient être transmis aux générations suivantes par le biais de modifications épigénétiques des cellules germinales, ou de l’exposition permanente des bébés aux agresseurs environnementaux. »

Fin 2015, l’Endocrine Society a publié sa deuxième déclaration scientifique sur les PE, soulignant qu’au cours des années passées, « une littérature sensiblement plus abondante a renforcé notre compréhension des mécanismes probables par lesquels agissent les PE, et de la façon dont l’exposition de l’animal et de l’homme (en particulier en période de croissance) peut poser les fondations du développement de maladies au cours de la vie future. »

En bref, les preuves s’accumulent, et démontrent que l’exposition aux PE environnementaux peuvent avoir des effets significatifs sur la santé des enfants comme des adultes, et que ces effets peuvent être transmis aux générations suivantes.

Le rapport souligne également que l’existence de liens de causalité entre exposition et manifestation de maladies a été démontrée, tout comme les effets à faibles doses. Les preuves les plus solides, d’après le rapport, démontrent le lien existant entre l’exposition aux PE et les maladies suivantes :

Obésité Diabète
Reproduction féminine Reproduction masculine
Cancers hormono-dépendants chez la femme Cancer de la prostate chez l’homme
Problèmes de thyroïde Effets sur le système neuroendocrinien et sur le neurodéveloppement

Les 12 plus dangereux perturbateurs endocriniens

Si la liste de PE connus est longue, et la liste des PE possibles encore plus importante, en voici une douzaine parmi les plus dangereux, et également les plus courants, identifiés par le Groupe de travail sur l’environnement en 2013 :

Le bisphénol-A (BPA) La dioxine
L’atrazine Les phtalates
Les perchlorates Les retardateurs de flammes (polybromodiphényléthers ou PBDE)
Le plomb Le mercure
L’arsénique Les composés perfluorés (PFC)
Les pesticides organophosphorés Les éthers de glycols

10 voies d’exposition courantes aux PE, et comment les éviter

Selon l’Hormone Health Network, qui fait partie de l’Endocrine Society, il existerait sur le marché environ 1.000 substances chimiques fabriquées par l’homme, et qui présenteraient des propriétés de perturbation endocrinienne.

Nous vous présentons ci-dessous 10 voies d’exposition courantes, et quelques mesures de bon sens à prendre pour les éviter :

Produits de soins corporels — Shampoings, après-shampoings, hydratants, maquillage et autres produits de soins corporels contiennent souvent des PE, notamment (mais certainement non limitativement) des phtalates, associés au cancer des testicules, à des malformations génitales, à une faible numération des spermatozoïdes et à la stérilité chez de nombreuses espèces, notamment les ours polaires, les cerfs, les baleines et les otaries, pour n’en citer que quelques-unes.

On trouve également dans cette catégorie de produits du triclosan, notamment dans de nombreux produits aux propriétés antibactériennes.

Comment les éviter : optez pour des produits de soins corporels certifiés bio et/ou faits maison. Vous pouvez également essayer de diminuer le nombre de produits que vous utilisez quotidiennement.

Évitez les lingettes et savons antibactériens, et les gels désinfectants. Tout ce dont vous avez besoin pour vous désinfecter les mains, c’est d’eau chaude et de savon doux, et de la bonne technique de lavage des mains.

L’eau potable — Votre eau peut être contaminée par de l’atrazine, du glyphosate, de l’arsenic, du perchlorate et/ou des retardateurs de flamme, qui sont tous susceptibles de perturber votre système endocrinien.

Comment les éviter : filtrez votre eau du robinet et votre eau sanitaire au moyen d’un système de filtration de haute qualité.

Aliments en conserve et contenants alimentaires antiadhésifs — Ce sont des sources courantes de BPA et d’autres PE courants, tels que le BPS, ou d’autres substituts toxiques, tels que le PVC. Selon une enquête du Centre pour la santé environnementale, menée en 2017, 38 % des conserves contiennent encore du BPA.

Comment les éviter : achetez de préférence des produits vendus en bouteilles ou en bocaux en verre plutôt qu’emballés dans du plastique ou en conserve.

Les fruits et légumes cultivés de façon conventionnelle, et la viande, la volaille et les produits laitiers provenant d’élevages intensifs — Les fruits et légumes conventionnels sont susceptibles d’être couverts de PE par le biais des pesticides, désherbants et des eaux de ruissellement industrielles.

Les animaux élevés en CAFO (élevages intensifs) contiennent aussi généralement des antibiotiques, des hormones et d’autre substances chimiques industrielles qui peuvent perturber le système endocrinien.

Comment les éviter : achetez et mangez des fruits et légumes bio et des produits d’origine animale provenant de bêtes nourries à l’herbe, afin de minimiser votre exposition aux pesticides, désherbants et autres médicaments vétérinaires.

Lavez également toujours vos fruits et légumes avant de les consommer, même s’ils sont bio. Les aliments bio présentent un risque de contamination aux pesticides inférieur de 30 %, mais il n’est pas possible de garantir que des produits bio soient totalement exempts de pesticides, car ils proviennent parfois de champs près desquels sont utilisés des pesticides.

D’après la recherche, le plus efficace pour éliminer les résidus de pesticides présents sur les pommes, est de les laver avec de l’eau additionnée d’1 % de bicarbonate de soude.

Les chercheurs conseillent d’utiliser 1 cuillère à café de bicarbonate de soude pour 2 tasses d’eau et de frotter délicatement vos fruits et légumes avec ce mélange pour éliminer les pesticides présents en surface.

Le poisson contaminé au mercure — Les poissons hautement contaminés au mercure et autres métaux lourds posent problème car ces métaux perturbent également l’équilibre hormonal. Le requin, l’espadon, le marlin, le bar et le thon font partie des plus contaminés.

L’Agence américaine de protection de l’environnement et l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux ont toutes deux placé le thon sur leur liste des « produits à éviter » par les femmes enceintes et les jeunes enfants, en raison de sa teneur élevée en mercure.

Il vaut mieux éviter aussi les poissons d’élevage (les « CAFO de la mer ») qui sont généralement également lourdement contaminés. Le saumon d’élevage fait partie à cet égard des pires espèces, et c’est pourquoi je conseille d’éviter tous types de saumon d’élevage.

Comment les éviter : choisissez avec précaution des poissons et fruits de mer connus pour être peu contaminés au mercure ou par d’autres contaminants.

Les petits poissons, tels que sardines, anchois, maquereaux et harengs, font partie des poissons les plus sûrs et les plus sains. Le saumon sauvage d’Alaska est un autre excellent choix.

Les ustensiles de cuisine — Les récipients en plastique risquent de contenir des BPA ou d’autres perturbateurs endocriniens qui peuvent contaminer les aliments, en particulier si le plastique est chauffé.

Les substances poly- et perfluoralkyles (PFAS) utilisées pour la fabrication de surfaces antiadhésives, résistantes aux taches et hydrophobes, sont également toxiques et très persistantes, tant dans le corps que dans l’environnement.

Lorsqu’ils sont chauffés, les ustensiles de cuisine antiadhésifs libèrent de l’acide perfluorooctanoïque (APFO), associé à des maladies de la glande thyroïde, à la stérilité et à des problèmes de développement et de reproduction.

Comment les éviter : utilisez des récipients en verre et des casseroles et poêles en céramique ou en fonte émaillée, qui sont des matériaux durables, faciles à nettoyer (même les fonds de casseroles les plus brûlés se nettoient facilement après un trempage dans l’eau chaude), et complètement inertes, c’est à dire qu’elles ne libèrent pas de substances nocives dans votre habitation.

Si vous utilisez néanmoins des récipients en plastique, ne les utilisez jamais pour faire chauffer des aliments au four à micro-ondes.

Les produits ménagers — Les produits que l’on trouve dans le commerce, destinés à nettoyer les sols, les toilettes, le four, les vitres, etc., contiennent généralement des produits chimiques industriels susceptibles de chambouler vos hormones. De nombreux parfums, y compris ceux utilisés dans les produits de soins corporels, renferment également des PE.

Comment les éviter : fabriquez vos propres produits ménagers en utilisant différentes combinaisons de vinaigre, bicarbonate de soude, huiles essentielles et même d’huile de noix de coco. Pour vous aider à vous lancer, consultez l’article « Gardez votre maison propre avec des nettoyants non-toxiques. » Évitez les produits parfumés, notamment les désodorisants d’intérieur, les sacs poubelle parfumés, etc.

La poussière domestique — La poussière domestique contient souvent des particules chimiques provenant des retardateurs de flamme, libérées par les meubles tels que les canapés, les matelas ou les moquettes.

Comment les éviter : achetez des meubles, matelas et matériaux de construction « verts » et non toxiques dans la mesure du possible, et utilisez un aspirateur muni d’un filtre HEPA. Lorsque vous balayez ou faites les poussières, utilisez une serpillère ou un chiffon humide pour éviter de faire voler la poussière.

Les fournitures de bureau — Les cartouches d’encre, le toner et autres solvants courants dans les bureaux sont une autre source courante de perturbateurs endocriniens.

Comment les éviter : manipulez ces produits avec précaution et minimisez votre exposition autant que possible.

Les tickets de caisse — Le papier thermique contient généralement du BPA, et la recherche a montré qu’il suffit de manipuler ce type de papier pour que le taux de BPA dans votre organisme augmente.

Tenir le papier pendant cinq secondes seulement suffit pour que le BPA soit transféré sur la peau d’une personne, et la quantité de BPA transférée est multipliée par 10 si les doigts sont mouillés ou gras (si vous venez de vous mettre de la crème sur les mains ou de manger un aliment gras par exemple).

Enfin, les tickets de caisse étant souvent rangés à côté des billets de banque dans les portefeuilles, les billets risquent d’être également contaminés au BPA.

Au cours d’une étude publiée dans la revue Environmental Science and Technology, les chercheurs ont analysé des billets de banque provenant de 21 pays différents, et ont décelé la présence de BPA sur chacun des échantillons.

Comment les éviter : optez pour des reçus dématérialisés, adressés par e-mail ou par texto. Évitez de conserver des tickets de caisse dans votre portefeuille ou votre portemonnaie, puisque la substance chimique contamine les surfaces par contact.

Il est également conseillé de vous laver les mains après avoir manipulé des tickets de caisse ou de l’argent, et d’éviter de les toucher en particulier si vous venez de vous mettre de la crème sur les mains ou qu’elles sont couvertes de toute autre substance grasse, ce qui peut augmenter votre exposition.

Si vous êtes caissier/caissière ou employé(e) de banque et que vous manipulez souvent ce type de papiers, je vous recommande de porter des gants, en particulier si vous êtes enceinte ou en âge de procréer.

EN BREF

  • Les perturbateurs endocriniens (PE) ont une structure similaire à celle des hormones naturelles, telles que les œstrogènes, hormones sexuelles féminines, les androgènes, hormones sexuelles masculines, et les hormones thyroïdiennes
  • Les PE interfèrent avec le développement, la reproduction, le fonctionnement du système nerveux, le métabolisme, la satiété et le fonctionnement du système immunitaire, entre autres, et pour bon nombre de ces substances chimiques, il n’existe sans doute aucune valeur d’exposition sûre
  • Voici 12 des pires PE, qui sont également parmi les plus couramment utilisés : le BPA, la dioxine, l’atrazine, les phtalates, le perchlorate, les retardateurs de flamme, le plomb, le mercure, l’arsenic, les PFC, les pesticides organophosphorés et les éthers de glycol
  • Les produits de soins corporels, l’eau potable, les aliments en conserve et pré-emballés, les fruits et légumes cultivés de façon conventionnelle, les viandes, volaille et produits laitiers provenant d’élevages intensifs, le poisson contaminé au mercure, le plastique et les ustensiles de cuisine antiadhésifs, les produits ménagers, la poussière domestique, les fournitures de bureau et les tickets de caisse, sont 10 des voies d’exposition courantes aux PE
  • Vous trouverez dans cet article des conseils pour éviter ou limiter votre exposition à ces substances

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